Comprendre le vide émotionnel : 6 raisons que le corps utilise pour se protéger ( .. )
" Je me sens vide " Pourquoi on en vient à ne plus rien sentir
Quand une personne dit qu’elle se sent vide, elle parle d’une perte de contact avec ce qu’elle vit. Elle continue à agir, à parler, à réfléchir, mais elle sent que tout cela est en pilote automatique. Ce sentiment de vacuité indique qu’à un moment, le système émotionnel a cessé de pouvoir faire circuler ce qu’il ressentait.
Le corps n’a pas été conçu pour tout supporter sans relâche.
Lorsqu’il encaisse trop de tensions, trop d’émotions contenues, trop de contraintes qu’il ne peut pas exprimer, il se protège : il baisse le volume intérieur pour éviter la surchauffe.
Les émotions sont des messagers.
Lorsqu’elles s’accumulent sans être entendues, les avertissements finissent toujours par devenir des conséquences. On se dit en qu’on est juste fatigué, qu’on manque de motivation, que ça reviendra. Mais pendant ce temps, le système nerveux passe discrètement en mode économie. Le cerveau émotionnel, celui qui relie les ressentis au corps et les traduit en signaux, a saturé. Quand il ne peut plus traiter ce qu’il reçoit, il enclenche un état de figement. Le corps continue de fonctionner, mais de manière automatique : la respiration devient plus courte, la digestion se dérègle, le sommeil perd sa régularité, et les gestes se font sans réelle présence a soi même et au monde. Ce ralentissement global se traduit par cette impression de vide : plus rien n’a de goût, ni la joie, ni la colère, ni même la peur ou la tristesse. On se sent à côté de soi.
Cette mise en veille ne surgit jamais sans cause.
Elle apparaît souvent chez ceux qui ont beaucoup tenu, beaucoup contenu, beaucoup rationalisé. Chez ceux qui ont appris à aller contre eux-mêmes pour continuer à répondre aux attentes des autres, à la vie, aux obligations. À force de calmer ce qu’ils ressentent pour garder le contrôle, le corps finit par enregistrer que sentir est dangereux. Il décide alors de se taire pour protéger le reste du système. C’est une stratégie de sauvegarde remarquable : un peu comme un enfant qu’on aurait trop souvent fait taire, il choisit entre se révolter ou disparaître. L’état émotionnel fonctionne pareil : il ne trouve plus sa place nulle part, ni dans le monde ni en soi.
On ne se sent jamais vide sans raison. Ce vide apparaît quand l’expression émotionnelle devient impossible : faute de mots, faute d’espace sûr pour les dire, faute d’un regard qui puisse les accueillir. Alors le corps se referme peu à peu pour éviter la surcharge.
Pendant que le corps se coupe, le mental joue son rôle .. seul.
Il cherche à donner du sens, à trouver une explication à cet état étrange ; ou bien, au contraire, il se met en veille pour rester conforme aux attentes extérieures. Dans les deux cas, il va s’épuiser. Le mental n’a pas accès au ressenti : il ne peut qu’en produire une interprétation abstraite. Tant que le lien entre la tête et le corps reste rompu, aucune réflexion ne peut rallumer la sensation. Sans les émotions la raison n'a aucune puissance d'action révélatrice viable
Cet état de figement peut durer des semaines, parfois des mois. Il ne se défait ni par la volonté, ni par la compréhension intellectuelle. Il se défait quand le corps retrouve la permission d’exister autrement que dans la contrainte. C’est un travail lent, patient. Réapprendre à sentir sans analyser : la température de l’air, la respiration, la tension du corps qui se relâche, le poids du corps qui revient. Ces micro perceptions réactivent le système nerveux et la conscience. On lui montre qu'il peut sortir et vivre ce qu'il a vivre car la conscience vient le mettre en lumière dans la sécurité qui lui semble être la meilleure .. Peu à peu, les émotions se remettent à circuler.
Le vide émotionnelle n’est pas un état définitif,
Je tiens à le dire sincèrement. Même si cela peut sembler impossible, il arrive d’être surpris par la force qui nous habite dans ces moments. C’est un passage de protection, un espace où le corps a mis en pause ce qu’il ne pouvait plus supporter. Le comprendre, c’est en finir avec le jugement et commencer à écouter ce que le système tente de signaler. Ce qu’on appelle “vide” est souvent la trace d’un long effort d’adaptation.
Et si, pour une fois, ce n’était plus à vous de vous adapter, mais au monde de vous rejoindre ?
Les 6 raisons du vide émotionnel
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Les émotions n’ont pas pu être exprimées.
Elles ont été contenues, minimisées ou jugées, jusqu’à ce que le corps se referme pour ne plus ressentir. -
Le système émotionnel a été sursollicité.
Trop de stress, trop d’adaptation : le cerveau finit par se couper pour éviter la surcharge. -
Le lien au corps s’est distendu.
L’attention s’est déplacée vers le mental, vers la performance, au point d’oublier les signaux physiques. -
L’environnement n’était pas sécurisant.
Exprimer ses émotions signifiait un risque : être rejeté, moqué, incompris ; le corps a donc appris à se taire. -
Le contrôle a pris toute la place.
Chercher à tout comprendre ou tout maîtriser neutralise la spontanéité émotionnelle et finit par éteindre le ressenti. -
Le corps est entré en mode survie.
Après trop d’alertes, le système nerveux s’est figé : il mets les émotions "en pause"
Quand le corps se tait, c’est qu’il n’a plus la place pour dire.
Mon travail consiste à rouvrir cet espace intérieur entre le corps, la pensée et l’émotion.
C’est dans cette cohérence retrouvée que tout recommence à circuler.
Hindé COSTI Psychanalyste en psychologie individuelle